Sylvie Bonnet
2012

Agnès Pezeu oscille entre l’intime et le monumental, toiles et installations, peinture et performance avec le corps, son sujet récurent, au cœur de son travail.

L’intime, elle le puise dans l’énergie vitale de ses modèles qui, contrairement au processus créatif traditionnel, sont littéralement couchés sur la toile, leur silhouette dessinée au fusain, avant d’être peint, sans que l’artiste ne touche jamais la toile. Une inversion étonnante où l’artiste est à distance quand le sujet imprègne le support, au sens premier du terme. Restent les vibrations du corps qui a posé, étendu à même la toile, ‘peau à peau’, comme si l’œuvre reflétait son aura. Ses modèles, des humains ou des animaux, comme son projet en cours avec les espèces sauvages du Jardin des Plantes de Paris.

Sa peinture joue avec le plein et le vide, la transparence et l’opacité sur des supports de différentes nature et épaisseurs : toile à beurre translucides, voiles de bateau brutes, toiles micro perforées…

Un travail incarné qui vibre pourtant d’une certaine immatérialité tant le trait caractéristique de l’artiste reste suggestif malgré sa précision, avec ces jets de couleurs, ces projections, ces coulures, jamais accidentelles. Le dripping comme rapport au corps et à l’espace.

Inscrites dans l’espace urbain ou des lieux ouverts, ses pièces monumentales jouent également avec l’espace, qu’elles revisitent et qu’elles racontent : « Temps et contre Temps », évènement plastique, paysagé, sonore et musical à Issy les Moulineaux, « Entre » – Arada à Istanbul, installation monumentale de toiles dans le jardin du Luxembourg, parcours « Dessein d’eau » avec l’immersion de toiles dans les bassins du Parc de Saint-Cloud…

La sculpture métal s’inscrit également dans cette approche de l’espace et de la surdimension avec la réalisation d’une sculpture monumentale en acier corten pour un jardin normand.