Description du projet
Ce projet effectué avec les dernières espèces animales du Jardin des plantes de Paris est une exploration picturale de la racine du mot « animal », en latin anima autrement dit l’âme.
Après la vie et avant la taxidermie, la bête blessée, maintenue par d’imposants anneaux métalliques est déposée sur l’arène de ma toile. Je m’engage à coups de fusain dans un corps à corps puissant avec l’animal. Le fusain cerne, frôle sa peau, sa chair, ses poils, agrippe son ADN et retrace son histoire. Dans un devoir de mémoire, je rends une dernière fois le contour de son corps visible. Dans cet échange d’énergies avec la bête fraichement morte ou blessée, j’invente un rituel de passage sur la toile, avant que celle-ci ne soit naturalisée, prisonnière pour toujours de son enveloppe charnelle.
Dans l’atelier, je crée ensuite une archéologie nouvelle par le travail du dessin. J’attaque cette fois-ci l’intérieur de l’animal, sans toucher le support, en laissant couler un flux de peinture de mon contenant à la toile. Les vibrations ressenties dans le combat d’énergie avec l’animal m’inspirent des rythmes, des lignes, des points, des tâches. Je le replonge dans une trame narrative, comme si dans ce dernier souffle, enfin sorti de sa cage, il s’élançait pour une ultime voltige. À l’instar des gravures rupestres, la peinture est ici employée pour nous remémorer qu’à notre époque aussi il y a une continuité à ce qu’est “ être vivant ”.
Fusain, poussière, sang, huile industrielle sur toile
depuis 2014