15ème édition du Salon de la céramique Paris 14

3 au 6 octobre 2019

Il émane de la céramique d’Agnès Pezeu un étonnement heureux. Par ailleurs peintre reconnue et exposée à l’international, l’artiste a redécouvert la céramique depuis peu.
Le médium lui avait été familier, au point de savoir tourner, pendant son enfance et son adolescence dans les Cévennes, mais elle l’avait discrètement, naturellement presque, occulté en devenant peintre. Sa redécouverte récente a été proprement jubilatoire.
Si sa pratique picturale envisage le corps d’autrui à partir de son enveloppe extérieure, de son contour hâtivement dessiné sur le support, la terre amène Agnès Pezeu à s’emparer physiquement de la matière, en la formant vite et librement à l’échelle du poing. Ce rapport intrusif la conduit à s’interroger sur elle-même, sur la question de l’intériorité et de la féminité. Nul pathos cependant. Les visages abstraits, quoique percés de trous et de fentes, ne sont pas en souffrance. Il s’en dégage de la légèreté et de l’humour, une sorte de folie douce parfaitement rompue aux codes de l’équilibre. L’artiste joue des bases, en général en bois et recouvertes de paraffine, avec hardiesse et aisance. Elle se saisit des béances indirectement créées pour y ajouter des appendices divers en porcelaine ou en faïence, comme des becs d’oiseaux, des ailettes, des anneaux, des rubans, qui viennent comme autant de contrepoints intimes apporter en équilibre formel et en signification. Sa qualité de peintre lui permet aussi d’inciser ses figures de graphismes structurels.
Agnès Pezeu utilise peu les émaux et reste dans une gamme de couleurs sobres. Elle n’hésite cependant pas à peindre ses pièces et à les recouvrir de paraffine pour enrichir le jeu des textures offertes.

Stéphanie Le Follic–Hadida (Extrait du catalogue C14 – 2019)